Il se promena ainsi quelque temps parmi les étoiles du ciel, et arriva un beau matin sur la terre. Très intéressé par cette nouveauté, il prit un joli chemin à travers la campagne et voilà qu’au coin d’un bois, il rencontra un petit garçon qui pleurait.
- « Pourquoi pleures-tu ? » lui demanda-t-il.
- « J’ai cassé la roue de ma brouette. Je ne peux pas la réparer ».
- « Si tu prenais mon auréole pour la réparer », suggéra le petit ange compatissant.
- « Je veux bien » dit l’enfant.
L’auréole fut mise en place. C’était parfait et le petit garçon repartit en chantant.
« Je vais me faire gronder par Saint Michel » pensa le petit ange en soupirant. « Tant pis ! » Et il poursuivit son chemin. Près d’un étang, il découvrit une oie sauvage qui essayait de reprendre son vol. Mais une de ses ailes était cassée et traînait lamentablement à ses côtés.
- « Comment t’es-tu cassé l’aile ? » demanda l’angelot.
- « C’est un chasseur qui a tiré sur moi et je suis tombée. Jamais je ne pourrai retourner dans mon pas. »
- « Prends donc une de mes ailes » proposa le petit ange, sans pense que lui-même ne pourrait plus retourner au paradis.
Et l’oie sauvage prit la belle aile de Paradis et s’envola en criant : »Merci, merci, merci ! »
Un peu gêné de n’avoir qu’une aile, l’angelot la cacha dans un pli de sa robe.
- « On ne voudra plus de moi dans le chœur des anges » pensa-t-il un peu anxieux.
Mais, il continua son chemin et arriva près d’un village. A la fontaine, une vieille femme emplissait une cruche d’eau.
- « Si j’avais une aile d’ange » soupirait-elle, « Si j’avais une aile d’ange, tout semblerait plus léger. »
S’approchant tout doucement par derrière, l’angelot accrocha son aile déraillée au fichu de la vieille qui se redressa soudain et partit allègrement en s’exclamant :
- « Est-ce Dieu possible ? Je retrouve ma jeunesse. »
Le petit ange pouffa de rire.
- « Voilà un bon tour ! Mais à présent je n’ai plus d’aile. Ce n’est pas grand choses un ange sans aile et sans auréole » et il devint tout triste.
Mais, à la dernière maison du village, il aperçut un gros chien qui se jetait furieusement sur trois enfants apeurés.
- « En voilà une vilaine bête ! Viens ici ! ordonna l’angelot.
Le chien n’osa pas désobéir à un ange, même sans auréole et sans aile. Il avança, l’ai penaud. Le petit ange prit sa belle ceinture d’or et attacha le chien à un anneau de la maison. Il sourit aux enfants et partit sous leurs yeux étonnés, dans la nuit qui commençait à venir.
Tout seul à travers la campagne, dans une grande robe blanche, il erra longtemps sans savoir où aller. Il devait être minuit quand il entendit des chants et vit dans le ciel une belle lumière.
- « Des anges ! On me cherche » pensa-t-il effrayé.
- « Gloire à Dieu au plus haut des cieux », chantaient les anges.
- « Qu’est-ce qui se passe ? se demanda le petit ange aussitôt rassuré.
Et, sans savoir comment, il arriva à la crèche. Du premier coup d’œil il comprit tout et rougit de lui-même.
- « Est-ce qu’on pardonne à un ange fantaisiste qui donne son auréole, ses ailes et sa belle ceinture d’or ? » Tout honteux il se cacha parmi les bergers.
- « Je n’ai même pas un mouton » songeait-il.
Il y eut quelques chuchotements.
- « Une drôle de robe… Ce n’est pas un berger… Peut-être un ange ?… Mais non, les vrais ont une auréole des ailes et une belle ceinture d’or… Il n’a pas de cadeaux que fait-il ici ? »
Le petit ange baissa la tête, rouge de confusion. La Vierge Marie voyant son embarras, alla le prendre par la main et l’amena près de la crèche.
- « Explique-lui tout, Il te comprendra. » Et Elle lui montra l’Enfant Jésus.
- « Mon Dieu, je me suis sauvé du paradis, J’ai donné mon auréole, mes ailes et ma belle ceinture d’or, je ne suis plus digne d’être un ange. »
L’Enfant Jésus sourit au petit ange en larmes et lui posa sa main divine sur la tête et ce fut merveilleux. Une belle auréole neuve se mit à luire autour de la tête de l’angelot, des ailes lui repoussèrent dans le dos et une belle ceinture d’or retint de nouveau la robe blanche.
- « Je crois, dit la Vierge Marie, que tu seras l’ange de Noël. Et puisque tu aimes tant voyager et faire des cadeaux, une fois par an, le 25 décembre, tu pourras quitter le Paradis et aller remplir les souliers des enfants des hommes. »
Le petit ange n’en revenait pas. C’était vraiment une grande nuit.
Encore tout étourdi de tant de grâces, il fit ses adieux à l’Enfant Jésus et à sa Mère et partit dans la nuit remplir ses nouveaux devoirs.
Ce n’est qu’au petit matin qu’il rentra au Paradis pour être accueillit par les grands anges du ciel.
- « C’est tout de même bon de se retrouver chez soi » pensa le petit angelot, et il affermit sa belle auréole neuve sur sa tête, en battant un peu des ailes.
1 commentaire:
j'aime beaucoup, vraiment !
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